Investir dans les infrastructures face aux aléas climatiques

Le changement climatique amplifie l’intensité et la fréquence des aléas climatiques et rend urgent la mise en place d’une politique d’adaptation forte et efficiente de la part des pouvoirs publics. Des solutions concrètes existent pour y répondre et cette étude, menée par la FNTP en partenariat avec Vecteur Plus, matérialise la manière dont le secteur des Travaux Publics et les collectivités se sont emparés du sujet au cours des 10 dernières années.

 

Contexte : Les conséquences du dérèglement climatique sur nos territoires

Réduire la vulnérabilité des populations, des écosystèmes, des activités humaines et des infrastructures aux aléas climatiques devient indispensable. Il est également urgent de ralentir l’augmentation des pertes économiques associées, qui pourraient encore doubler à horizon 2050. En 2022, la facture climatique a déjà explosé à 10,6 milliards d’euros en France, contre 3,6 milliards de sinistres en moyenne les dix années précédentes selon les assureurs. La hausse des températures aggrave les risques d’inondations, de tempêtes, de canicules, de submersions, de glissements de terrain… Or, d’ici 2050, les vagues de chaleur seront 2 fois plus fréquentes et les événements de submersion marine deviendront 20 à 30 fois plus fréquents.

La résilience du territoire français passe notamment par une protection renforcée de certaines parties du littoral (dunes, digues, etc.), une meilleure gestion de l’eau (stockage des eaux pluviales, lutte contre les fuites d’eau, etc.) et une réintroduction de la nature en ville (îlots de fraicheur, désimperméabilisation des sols, etc.).

 

Les marchés de l’adaptation aux aléas climatiques : quelle(s) évolution(s) sur la dernière décennie ?

La montée des enjeux climatiques dans les territoires se traduit par une augmentation des appels d’offres publics de protection et d’adaptation aux aléas climatiques (feux de forêt, inondations, instabilité des sols, sécheresse, submersion marine, tempêtes, vagues de chaleur). Sur la période 2013-2022, les marchés d’ingénierie et de travaux répondant à ces aléas représentent environ 4 000 appels d’offres par an équivalant à 2,7 milliards d’euros en moyenne annuelle.

La valorisation de ces marchés progresse de manière constante depuis 2017 jusqu’à atteindre 3,5 milliards d’euros en 2022. Leur part dans l’ensemble de la commande publique est également croissante aussi bien dans le domaine de l’ingénierie que dans celui des travaux. En 2022, 9,1 % des appels d’offres de travaux publics portaient sur des infrastructures de protection et d’adaptation aux aléas climatiques, une part qui progresse de +2,2 points par rapport à 2018. La tendance est similaire pour les marchés d’ingénierie puisque 8,7% des appels d’offres sont en lien avec les aléas climatiques en 2022 (+2,3 points comparé à 2018).

 

 

Le risque d’inondations est celui qui concentre la plus grande part des investissements de travaux (33%) au cours des 10 derniers années, devant la sécheresse et les vagues de chaleur. La dynamique d’évolution la plus forte concerne toutefois les travaux de lutte contre l’instabilité des sols (4% du marché en 2022) et les vagues de chaleur (23 % du marché en 2022) qui enregistrent une progression respective de +80% et +86% entre 2013-19 et 2021/2022, soulignant la montée en puissance de ces enjeux.

Les investissements par habitant liés aux risques climatiques ont progressé dans la quasi-totalité des régions sur la période de 2021/2022 par rapport à la décennie précédente. Ces derniers demeurent néanmoins disparates selon l’exposition des régions aux divers aléas.

 

Quel positionnement des entreprises de Travaux Publics sur ce marché ?

Les entreprises de Travaux Publics sont au cœur des problématiques de résilience du territoire et grâce à leurs expertises, elles jouent un rôle essentiel pour garantir une adaptation réussie. En 2022, sur les 2,9 milliards d’euros d’appels d’offres liés aux aléas climatiques, plus de la moitié (1,5 milliards) a été remportée par des entreprises de Travaux Publics. Suivant le type d’aléas et donc de travaux réalisés, la présence des entreprises TP varie. En effet, d’autres types acteurs se démarquent, notamment les entreprises de paysage sur les vagues de chaleur ou encore les exploitants de réseaux d’eau sur la sécheresse.

 

 

La montée en puissance des enjeux de protection des territoires combinée à la variété des solutions à mettre en œuvre présentent des opportunités pour la valorisation des différents savoir-faire des entreprises de Travaux Publics. La végétalisation en ville, la désimperméabilisation des sols sont quelques exemples d’opérations qui prennent une place croissante dans la réponse des acteurs locaux à la problématique d’adaptation de leurs territoires. D’autres marchés, encore à explorer, laissent entrevoir des potentiels de développement qui peuvent être importants. De façon plus générale, c’est l’ensemble des projets d’aménagement et d’infrastructures qui doit désormais intégrer cette logique d’adaptation aux nouvelles conditions climatiques tant dans leur conception que dans leur entretien/modernisation tout au long de leur durée de vie.